Retracer des parcours professionnels s’inscrivant en moyenne dans les 30 à 60 dernières années, c’est observer comment s’inscrivent ces parcours dans des périodes successives marquées par des transformations profondes : celles de l’organisation de la production industrielle – et dans celle-ci les formes d’utilisation des produits cancérogènes –, celles du contenu même du travail, des outils et de leurs usages, celles des rapports sociaux de travail, celles des politiques publiques qui encadrent l’emploi et la santé au travail. Depuis la fin des années 1970 en particulier, la précarisation sociale issue de stratégies combinées de recours à la flexibilité, au travail temporaire et à la sous-traitance a profondément bouleversé les formes de division sociale du travail et des risques.
L’analyse des parcours professionnels des patients interviewés montre le poids de cette précarisation du travail et de l’emploi dans leur vie professionnelle. Une autre caractéristique des parcours des patients est leur inscription dans les fonctions annexes à la production – maintenance, nettoyage, entretien, démolition –, fonctions qui concentrent une part importante des situations d’exposition à des substances cancérogènes. La différenciation des parcours professionnels ainsi que la diversité des « métiers », des activités, des lieux de travail conditionnent une diversification des histoires d’exposition aux cancérogènes professionnels.
Celles-ci témoignent tout d’abord de la poly-exposition à des cancérogènes professionnels des patients atteints de cancer. Les secteurs d’activité les plus représentés sont ceux de la construction, suivi du travail des métaux et de la réparation automobile, sachant que presque tous les secteurs d’activité sont concernés. Enfin si l’amiante demeure fortement présent notamment dans la construction et le travail des métaux, de nombreux autres cancérogènes sont également identifiés dans les parcours professionnels des patients, notamment les hydrocarbures polycycliques aromatiques, la silice, les fumées de soudage, les solvants, le plomb, les chromates, les fumées d’essence et diesel, le benzène, les rayonnements ionisants, etc…
Plusieurs conventions de recherche avec la DARES, l’INCa, l’AFSSET (aujourd’hui ANSES) ou la DIRECCTE Normandie ont permis de développer l’analyse des données recueillies dans l’enquête. Outre les publications scientifiques présentées dans la liste générale des publications, les rapports de recherche offrent une lecture approfondie des résultats de l’enquête.
Convention avec la DARES :
- Exposition professionnelle aux cancérogènes et parcours professionnels. Post-enquête SUMER - 2009
Conventions avec l’INCA :
- Sous-traitance, travail temporaire et cancer professionnel : Connaissance, reconnaissance et prévention. 2010
- Expositions aux cancérogènes dans l’activité réelle de travail (ECART). 2013
- Genre et cancer professionnel. 2016
Convention avec l’AFSSET (ANSES) :
- Expositions aux cancérogènes activités de nettoyage. 2011
Convention avec la DIRECCTE Normandie :
- Expositions au CMR sous-traitance Haute Normandie. 2011.