« Cancer, travail, territoire »
Cet axe n°5 s’inscrit dans la continuité du thème « Maladies Industrielles » de la précédente programmation scientifique quadriennale. Nous proposons ici une lecture socio-spatiale – avec une certaine profondeur historique – de l’émergence de territoires du risque cancérogène à partir des expositions professionnelles recensées dans le cadre des activités du Giscop93 mais en questionnant également les expositions environnementales associées.
Plusieurs programmes structurent l’activité de cet axe. Une thèse de géographie s’attache tout d’abord à (re)construire la visibilité des expositions à des cancérogènes professionnels, documentées par le Giscop93, en questionnant l’organisation spatiale des sites exposants au cours du XXe siècle (Axelle Croisé sous la dir. de Alexis Sierra et Benjamin Lysaniuk).
Un programme de recherche financé par la région Ile-de-France (Projet PICRI - « Pollution industrielle, contamination environnementale par le Comptoir des Minéraux et Matières Premières d'Aulnay-sous-Bois ») se place également en position centrale dans cet axe. Le Comptoir des Minéraux et des Matières Premières (CMMP) est une ancienne usine de broyage de minéraux (dont l’amiante) responsable d’une importante contamination environnementale ayant engendré plusieurs centaines de victimes parmi les anciens travailleurs et les riverains de ce site. Plusieurs travaux ont été menés depuis 10 ans grâce à la pression permanente d’un collectif d’associations. Située sur le territoire d’enquête du Giscop93, l’entreprise CMMP représente l’un des vecteurs par lesquels les travaux de l’équipe peuvent interroger les limites de la frontière juridiquement construite entre les expositions professionnelles aux cancérogènes et les expositions environnementales. Ils rejoignent un champ de recherche relativement jeune en sciences sociales qui établit une passerelle entre le champ de la santé au travail et celui de la santé environnementale.
Dans le cadre de ce programme de recherche, plusieurs travaux ont été réalisés ou sont en cours : une analyse socio-historique de la dynamique des échanges entre mouvement citoyen et institutions, dans une perspective de santé publique (post-doctorat d’Anne Marchand) ; la constitution d’une base de données « victimes », sa cartographie et l’étude de faisabilité de la mise en place d’une plateforme d’auto-signalement des exposés/malades (Léa Prost et Benjamin Lysaniuk).
Enfin, plusieurs chercheurs rattachés à cet axe (Cécile Durand, Léa Prost, Moritz Hunsmann et Benjamin Lysaniuk) participent également activement à la création d’un Giscop dans le Vaucluse (Giscop84) appuyant ainsi l’initiative lancée en Avignon par des médecins du service d’oncohématologie. D’une manière plus spécifique, une thèse de géographie (Léa Prost sous la dir. de Myriam Baron et Benjamin Lysaniuk) s’attache, à partir de la base de données constituée par les médecins avignonnais, à questionner l’hétérogénéité spatio-temporelle des malades pour aborder, dans un second temps, l’existence de facteurs de risque localisés en différents lieux et pouvant expliquer une situation sanitaire originale dans un territoire donné. Un intérêt particulier est accordé aux pratiques, perceptions et représentations des individus par rapport au risque cancérogène propre à ce territoire.